Chronique par Isabelle
Les contes ne sont pas QUE pour les enfants. Peut-être même, sont-ils plutôt pour les adultes! Et quand ils sont aussi bien réécrits par GennaRose Nethercott, il est fluide de s’y laisser embarquer.
De fait, nous voilà à bord de la maison aux pattes de poulet dont Bellatine et Isaac Yaga viennent d’hériter, contre toute attente, de leur grand-mère ukrainienne. Un héritage à la fois réconfortant, comme le havre de paix qui permet à ce frère et à sa sœur d’avoir enfin un foyer pour se retrouver et même se trouver. Mais aussi s’agit-il peut-être d’une malédiction venant du passé, qui risque de réveiller ce que le temps ne peut jamais vraiment étouffer : les souvenirs douloureux.
Parce que dans ce conte se mêlent la grande Histoire, celle des pogroms, du peuple juif de Russie ; le folklore, dans le sens noble du terme ; mais aussi une quête. LA quête de toute une vie : qui suis-je et d’où est-ce que je viens ? Pourquoi Bellatine utilise-t-elle ses mains pour fabriquer des objets sans jamais vouloir s’arrêter ? Pourquoi Isaac semble-t-il capable d’imiter à la perfection les gens qu’il croise ? Et surtout, qui est cet Ombrelongue, tout droit sorti des pires cauchemars ? Une personne malveillante ou une entité venue des enfers du passé ?
C’est avec une curiosité exacerbée que l’on suit la cavalcade de cette maison qui, parfois, nous partage sa mémoire, comme des miettes de pain, pour nous livrer à petites doses la vérité, sans nous heurter… délicatement… Un conte qui nous aide à nous rappeler que celui que l’on est aujourd’hui porte la somme des souvenirs de nos ancêtres.