
Les fleuves du ciel
Ce roman révèle le talent d’Elif Shfak pour narrer quatre histoires que l'on croirait sorties d'un conte des Mille et une nuits si elles n'étaient fondées sur des faits historiques et un travail de documentation énorme.
C'est un ouvrage dont les personnages de fiction s'inspirent largement de leur double qui ont réellement existé. Elle fait la part du vrai et du faux à la fin de son livre dans sa note au lecteur. Elle y parle par exemple de l'immunologiste français Jacques Benveniste, qui a développé la théorie d'une « mémoire de l'eau » et que l'on retrouve dans son roman avec le savant Berenberg, le mentor de Zaleekhah. Cet ouvrage est l'occasion de découvrir les yézidis et Ninive, ville ancienne de l'Assyrie, dans le Nord-Est de la Mésopotamie (Irak) au bord du fleuve le Tigre, aujourd'hui située dans la banlieue de Mossoul. C'est l'occasion de rappeler une leçon que l'humanité oublie cycliquement, que toute civilisation, aussi avancée soit-elle, finit toujours par décliner et disparaître.
640 avant Jésus-Christ, le roi Assurbanipal règne en despote cruel et érudit sur Ninive, alors la capitale de la Mésopotamie. Il y a fait bâtir une ville prospère entourée des plus beaux jardins que l'irrigation ingénieuse arrose des eaux du Tigre. Il possède la plus grande bibliothèque de l'époque et un texte gravé de l'écriture cunéiforme sur une plaque de lapis-lazuli qui raconte une version profane de « L'épopée de Gilgamesh ». . .
Ces quatre histoires nous emportent bien au-delà du Tigre, de l’Euphrate ou de la Tamise, c’est comme si vous étiez plongés dans un documentaire expliquant la fin d’une civilisation et ses conséquences sur la nouvelle…
L’écriture est magistrale, elle coule comme de l’eau…
chronique par Carole